Université populaire : Ville et Sexe

Quelle est la place, quelles sont les places du sexe en ville ? Est-il mis en avant ou au contraire caché ? Comment les personnes qui ne peuvent pas avoir de rapports sexuels chez elles s’organisent ? Existe t-il des villes, des quartiers, des formes urbaines plus propices au sexe, aux rapports sexuels et à la sensualité ? Les normes de l’intimité sont-elles les mêmes partout dans le monde ? Quelle place occupe le travail du sexe dans les villes ?

C’est autour de ces interrogations que nous nous sommes rassemblé.es les troisièmes jeudis d’ avril, mai et juin 2019 pour le cycle Ville & Sexe de l’Université Populaire de la Ville.

Lors du premier atelier, nous avons introduit le thème par des extraits sonores dont l’écoute a été suivie d’une longue discussion sur les liens entre ville & sexe. Il nous est apparu qu’en fonction de notre genre, de notre classe sociale, de notre situation de logement, de notre métier ou de la nature de la relation avec notre partenaire, le sexe dans l’espace public peut revêtir des significations très différentes. Mais dans la grande majorité des cas le fait d’être dehors est contraint par l’absence de chambre à soi – qu’on n’ait pas de logement ou un logement trop exigu, qu’on ne puisse pas, pour des raisons morales, inviter son partenaire chez soi…

 

On a aussi abordé la question du seuil de tolérance de la société et de chacun.e d’entre nous vis-à-vis des relations sexuelles dans l’espace public. Le sexe dans la rue brouille les frontières entre le privé et le public, le dedans et le dehors, le visible et le caché. Il interroge les limites de l’intimité et des « bonnes mœurs », qu’un simple baiser parfois transgresse – surtout s’il est le fait de deux personnes de même sexe. En certains lieux, se tenir la main est déjà considéré comme un acte sexuel. Ces barrières sociales sont poreuses, et se déplacent dans le temps et l’espace.

Et notre limite à nous, où la pose-t-on ? Aux amoureux du métro qui se bécotent à l’heure de pointe sans reprendre leur respiration d’un bout à l’autre de la ligne, imposant à tout le wagon leurs épanchements que personne n’a envie de partager ? Aux deux garçons qui s’ébattent derrière les haies du jardin des Tuileries, si près des touristes et d’enfants innocents ? Et si on s’en fichait ? Et si on permettait à celleux qui n’ont pas d’autre choix ou qui en ont simplement l’envie de se faire plaisir là, à côté de nous ? La question reste ouverte.

 

Cartographie sensible – Temps 3

 

Suite à ces discussions, nous avons ébauché une liste de revendications qui ont servi à préparer l’émission de radio du second atelier :

  • Laisser les parcs à l’état sauvage
  • Dépénaliser la prostitution
  • Dépénaliser les rapports sexuels dans l’espace public
  • Droit de chacun d’avoir une chambre à soi
  • Ouvrir une maison du sexe

L’émission de radio –enregistrée en direct !– peut être (ré)écoutée ici.

Pendant le troisième et dernier atelier, nous avons réalisé une cartographie sensible à partir de récits d’histoires vues, entendues et vécues de relations sexuelles dans l’espace public. Dans la rue, dans un parc ou sur les quais, dans ces lieux mal définis en lisière des villes –friches, bois, bordures des routes–, dans des espaces semi-publics –toilettes, parking, ascenseur, banquette arrière–, sur les toits, les balcons et dans les cages d’escalier… Il y a dans les villes autant de planques potentielles que de positions et de raisons de le faire ailleurs que dans un lit.

A partir de là, on a fabriqué des pochoirs portant nos revendications.

Merci à tou.tes les participant.es de ces ateliers. Surtout, merci aux bénévoles qui ont participé à la préparation de ce cycle.

 

 

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