Espace 6 MJC : Impliquer et comprendre les attentes des jeunes à Lyon 6ème

Depuis le début de l’année, Robins des Villes mène un projet en partenariat avec l’Espace 6 MJC visant à effectuer des recueils de paroles des jeunes du 6ème arrondissement de Lyon. Retour sur la démarche, ses objectifs et les résultats des premiers mois d’études.

Un projet né de la volonté de l’Espace 6 MJC de développer ses missions d’éducation populaire

Faisant le constat de sa difficulté à capter un public de jeunes adultes, l’Espace 6 MJC a souhaité ouvrir une réflexion plus large sur les 15-26 ans dans le sixième arrondissement. De cette volonté est née un partenariat avec l’association Robins des Villes afin de comprendre le vécu et les besoins des jeunes du quartier ainsi que les actions les impliquant. C’est alors que le projet visant à recueillir leurs paroles a débuté, en janvier dernier, devant permettre à termes à la MJC de répondre aux attentes et de servir d’appui à ce public.

Ce travail poursuit alors quatre objectifs principaux :

  • Former les salariés et les bénévoles de l’Espace 6 MJC aux méthodes de recueil de paroles sur l’espace public et aux démarches de co-construction de projets.
  • Recueillir le point de vue des 15-26 ans sur leur quartier.
  • Recenser les besoins des 15-26 ans et les actions, formelles ou informelles, les impliquant sur le quartier.
  • Proposer des pistes pour impliquer des 15-26 ans aux activités de l’Espace 6 MJC.

Chronologie d’un projet lancé début 2017

Dans une dynamique de formation-action, la démarche et les outils utilisés pour les interventions dans l’espace public furent construits, discutés et évalués, tout au long du projet, en concertation entre les équipes salariées de l’Espace 6 MJC et de Robins des Villes. A partir et en parallèle de ce travail, des exercices de recueil de paroles ont pu avoir lieu d’avril à juillet 2017, dans la rue, sur des places, dans des jardins ou dans des évènements locaux (Barbecue du foyer de jeunes travailleurs L’Escale lyonnaise, Fête des 10 ans de l’Espace 6 MJC). L’analyse et la mise en forme des données recueillies sont prévues pour l’été alors qu’une restitution publique est programmée en octobre prochain.

Le contenu des interventions : questionner les usages et les représentations des jeunes de l’arrondissement ainsi que leurs aspirations

Le recueil de paroles s’est effectué en binômes, composés d’un membre de l’Espace 6 MJC et d’un membre de Robins des Villes. Cela a permis de croiser les expériences et les savoirs durant les interventions, tant au niveau de la méthodologie que des connaissances sur le quartier et la MJC. Ce fonctionnement a permis de partager les rôles lors des rencontres avec les jeunes : pendant qu’une personne animait la discussion, l’autre pouvait prendre des notes écrites.

Toutes les interventions visaient à questionner à la fois les usages, les représentations et les aspirations des jeunes sur leur quartier. Comment les jeunes perçoivent-ils l’arrondissement où ils habitent, travaillent ou étudient ? Qu’y font-ils ? Quels endroits fréquentent-ils ? Qu’aimeraient-ils trouver dans le quartier ? Quels besoins ressentent-ils ? Autant de questions que nous nous sommes posés et que nous avons posé aux jeunes que nous rencontrions dans les espaces publics du quartier.

Ce travail a été enrichi par la participation d’étudiants de la mention de Master Ville et Environnement urbain du Laboratoire d’Excellence (LabEx) Intelligence des Mondes Urbains qui sont eux aussi allés, dans le cadre de leurs travaux universitaires, dans le 6ème arrondissement pour des recueils de paroles.

Les outils utilisés durant la démarche

A partir de son expérience, Robins des Villes a proposé plusieurs outils à utiliser pour recueillir la parole des jeunes du quartier. Après avoir été testés et discutés par l’équipe de l’Espace 6 MJC, plusieurs outils ont été retenus :

  • Un porteur de parole: Outil de recueil de paroles permettant de recréer du débat dans l’espace public, il permet, à partir de phrases polémiques, de faire réagir les personnes rencontrées. Ici, il est utilisé comme un moyen d’engager la discussion dans l’espace public en proposant des phrases soulevant des clichés sur l’arrondissement.
  • Des cartes participatives: A l’aide de plans de l’arrondissement, l’enquêteur invite la jeune personne à positionner des gommettes de différentes couleurs afin de cibler les lieux qu’il apprécie et ceux qu’il apprécie moins, le lieu d’habitat ou encore le lieu d’études ou de travail.
  • Des exercices de photo-langage: En faisant choisir des photos du quartier, d’autres villes ou d’activités dans l’espace urbain, l’enquêteur cherche à saisir les perceptions et les aspirations des jeunes pour leur quartier.
  • Des questionnaires à faire remplir : A la manière d’un sondage, les personnes rencontrées sont invitées à répondre à des questions fermées sur le quartier et la MJC.
  • Des entretiens semi-directifs: Plus généralement, tous les outils utilisés ont pour but le déclenchement de paroles en vue d’entamer des discussions avec les jeunes. Dans ce cadre, un stock de questions et de thèmes à aborder est disponible à travers une grille indicative.

LES JEUNES ET LE SIXIÈME ARRONDISSEMENT : QUELS RÉSULTATS ?

C’est comment le sixième pour les jeunes ?

Un arrondissement plutôt perçu positivement par les jeunes : calme, beau, sympa.

« On se sent bien dans le quartier »

Mais, peu d’animations pour les jeunes qui trouvent l’arrondissement cher et qui préfèrent sortir hors du quartier.

 « Je ne traine pas dans le 6ème, ça coûte trop cher. Je préfère sortir à la Guill’, il y a plus de jeunes ».

La réputation du sixième comme quartier bourgeois en question

« Les jeunes du 6ème sont tous des bourges ! ». Cette phrase issue du porteur de parole fut la plus efficace pour déclencher la parole. Elle a permis d’interroger la réputation d’arrondissement bourgeois qui colle à ce quartier, le plus riche de Lyon. Cela a donné lieu à des réponses très différentes, certain.e.s étant d’accord avec cette affirmation, d’autres remettant en cause partiellement ou totalement l’idée.

« C’est bien vrai ! Dans le quartier, je vois bien les pubs pour la défiscalisation. »

« C’est faux, nous, on n’est pas des bourges. C’est juste une réputation qui leur a été donnée. »

« C’est pas un problème d’être bourge, d’avoir plein d’argent. Ça donne de l’espoir ! Je veux être bourge aussi. »

« C’est un quartier comme un autre. C’est des racailles qui pensent que c’est un quartier de bourges. »

Quartier Bellecombe, une place à part dans l’arrondissement

« Avec Bellecombe, ce sont deux mondes différents ». Une femme de 16 ans, aux Brotteaux.

  • Un endroit plus souvent perçu négativement par les jeunes du 6ème.
  • Un quartier plus populaire que le reste de l’arrondissement, où la limite avec Villeurbanne semble assez floue.
  • Un arrondissement fracturé par la ligne de chemin de fer qui marque une frontière autant matérielle que symbolique.
  • Des besoins et des représentations différents pour les jeunes de Bellecombe ? Un élément à étudier pour l’Espace 6 MJC.

« On se fait virer partout par la police, on n’a pas d’endroits où se poser ». Un groupe de jeunes de 17-18 ans, au terrain de basket de Bellecombe.

Besoins et aspirations des jeunes

  • Beaucoup de jeunes rencontrés ne manifestent pas d’attentes ou de besoins particuliers sur l’arrondissement. La plupart pratiquent déjà des activités culturelles ou sportives.
  • S’il ne semble pas y avoir de « demande » d’activités nouvelles par rapport à ce que propose déjà l’Espace 6 MJC, l’idée de pratiques libres, autogérées et gratuites est revenue plusieurs fois.

« MJC = cadre. On n’est jamais mieux servi que par soi-même »

  • Néanmoins, plusieurs idées ont émergé durant les recueils de paroles. Certaines sont du ressort d’une MJC, d’autres non : une salle de jeu, davantage de concerts et d’animations en soirée, des lieux pour se regrouper en hiver, des terrains de sport plus nombreux et mieux entretenus, des activités et des sorties en dehors de Lyon, etc.
  • Les besoins et les difficultés des jeunes semblent plus importants dans le secteur de Bellecombe, notamment avec des préoccupations en matière d’emploi.

« Les jeunes, ils sont chômeurs. Rien ne les fait rêver.». Un groupe de jeunes de 17-18 ans au terrain de basket de Bellecombe

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